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Escape the city : le magazine à lire avant l’effondrement

Escape the city est un nouveau magazine en ligne pour parler autrement d’effondrement : avec second degré, ironie… et en reprenant les codes des magazines lifestyle. Entretien avec son fondateur.


Les Alternatifs – Escape the city, c’est quoi exactement ?

Jacques TIBERI – C’est le mag à lire avant la fin de ce monde… histoire de préparer celui d’après. 

On parle de l’effondrisme comme d’un “art de vivre”, où la frugalité est heureuse, voir gourmande et la simplicité toujours stylée.

Donc, ETC, c’est un mag qui s’adresse aux urbains-collapso-curieux, qui se passionnent pour les dystopies, le minimalisme, les gestes essentiels… Bref, à ceux qui débarquent l’univers du “slow & low”.

Publiée par Escape the city sur Samedi 21 mars 2020

Qui se cache derrière E.T.C ?

Escape The City, c’est mon bébé, mais pas que. D’abord : qui suis-je ? Je m’appelle Jacques TIBERI, je suis journaliste-nerd spécialisé dans les trucs hightech jusqu’à tomber dans le bain de l’écologie. 

Pour le mag, je fais appel à une petite bande de pigistes, qui me propose des articles de fond. De mon côté, je m’attèle aux articles d’actu, aux éditos gonzo (“Quel job vous attend après l’effondrement ?”) ou aux tutos (“Quels réseaux sociaux pour parler de collapso en toute liberté ?”). 

Je coordonne aussi la création des hors-série numériques : de petits fascicules thématiques de 30 pages qu’on offre chaque mois à nos lecteurs fidèles. Alors oui, c’est du boulot, mais ça tombe bien je suis un workaholic.

Comment est né le projet ?

Long story

Un jour, en interview, Benoît Raphaël (un ex-journaliste qui aujourd’hui “élève des robots”, si, si), m’a dit : « les journaux de demain seront des écoles« . Cette idée m’a marqué. 

À l’époque je traînais du côté de Technikart et du Zéphyr, et je me demandais “comment créer un média qui soit utile un “plaisir utile” pour les lecteurs ? Un truc entre La Maison Écologique et le site Brain magazine”.

Le déclic est venu après une enquête sur des urbains surdiplômés qui lâchent leurs jobs à La Défense pour aller vivre à la campagne en autonomie. En creusant, je suis tombé sur les théories de l’effondrement. Le projet a mûri avec mon intérêt pour l’écologie et la collapsologie. 

Mais je trouvais que les livres, vidéos, podcasts sur ce sujet manquaient cruellement de fun. C’était angoissant, bourré de chiffres et de références ésotériques. 

Donc, mon but en créant ETC, c’est d’injecter un peu de pop dans les projets de simplicité volontaire, d’autonomie, de permaculture… Histoire que les urbains geeks – dont j’ai longtemps fait partie – ne soient pas trop paumés le jour où ils débarquent dans l’univers collapso. 

D’ailleurs, quand on a choisi le titre du premier hors-série, « effondrement et pop culture », je me suis dit que ça résumait assez bien le concept du mag.

ETC, c’est également des conférences, des formations et des ateliers, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

J’en reviens à l’idée que “les médias de demain seront des écoles”.

ETC est un magazine spécialisé dans la question de “la vie post-effondrement”. Et je suis certain que beaucoup de citoyens, mais aussi beaucoup de chefs d’entreprise et de décideurs locaux vont vouloir  en savoir plus. Et vite. 

Alors, oui, ils peuvent lire des bouquins. Mais, je sais d’expérience qu’il n’y a rien de plus fort et de plus efficace, que de vivre une formation en chair et en os avec une personne à qui l’on peut poser directement ses questions.

Ce n’est pas pour rien que tous les enseignements, partout dans le monde entier, se font « présentiel » comme on dit aujourd’hui. Rien ne remplace l’interaction d’un atelier ou d’une conf’ en petit comité. 

Je crois que ce format de conférence est un complément indispensable à un média qui se veut utile.

J’ai donc le projet profiter du magazine pour réunit une petite équipe de journalistes spécialisés, qui pourraient animer des formations ou des conférences sur des thématiques en lien avec l’effondrement. Les journalistes ne savent pas seulement pisser de la copie : la plupart sont vraiment spécialisés dans un domaine, où ils peuvent parfois rivaliser avec des chercheurs.

Donc, une fois que ma petite équipe sera suffisamment étoffée, j’envisage sérieusement de concevoir des formations ou d’organiser des conférences où chacun pourra apporter sa pierre, dans sa spécialité (éco-féminisme, architecture, low-tech, communication, permaculture…). Mais, on pourra y revenir.

A lire aussi : Le Pays des Alternatives, un média qui met en lumière les initiatives citoyennes

Une version papier verra-t-elle le jour ?

Je ne pense pas, non. On a déjà les hors-séries mis en page à la façon des guides de survie militaire de la seconde guerre mondiale : en noir et blanc, avec des illus pratiques et façon “tapé à la machine”. Le but : qu’ils soient faciles à imprimer pour les lecteurs qui veulent les conserver.

Par contre, j’ai le projet de m’associer avec un quelqu’un du monde du livre, pour développer une petite maison d’édition en parallèle du magazine. Je m’inspire du modèle Rustica ou de celui de L’Étudiant, qui publient un tas de livres, allant de guides pratiques, à des essais, et même des beaux livres.

Comme je l’ai dit, je crois que les journaux de demain seront des écoles. Et on va avoir besoin de manuels pour apprendre à vivre autrement. Et ça me plairait bien d’en éditer un ou deux qui changent un peu des sempiternels « guides du potager en permaculture », qui sont, certes, très utiles, mais qu’on ne lit pas toujours pour son plaisir ou se détendre.

La force des journalistes, c’est de savoir vulgariser et de rendre appétant des trucs complexes, voire arides. Et si on veut qu’un maximum de citoyens soit prêt à basculer en mode résilience, il va falloir leur en donner envie… grâce à des bouquins drôles, des BD, des formats détonants, des fictions, des jeux mêmes, etc…

ETC est un magazine associatif, gratuit et sans pub, comment arrivez-vous à financer tout cela ?

Comme ce n’est pas un projet à but lucratif, il n’est pas gourmand. Le but est simplement de rentrer dans nos frais. De rester à l’équilibre. Pour l’heure, on dispose d’une petite année de fonds propres. Histoire de lancer la machine.

Pour la suite, on mise sur 3 sources de financement. D’abord, les dons de lecteurs, via la cagnotte Tipeee, ou des crowdfunding ponctuels. On pense prochainement lancer une campagne pour financer un grand reportage multimédia dans un éco-lieu résilient. 

Ensuite, on compte beaucoup sur les formations, qui nous permettraient de rémunérer les intervenants et de récupérer quelques fonds pour développer la maison d’édition. 

Quelles sont vos ambitions à court et long termes ?

D’abord publier un premier livre : un guide de survie détourné, qui devrait sortir d’ici Noël (on va laisser passer le tsunami des essais effondristes post-covid…). On espère, évidemment, que ce sera un best-seller qui nous permettra de d’éco-construire un centre de conférence agro-spirituel au cœur d’un éco-lieu paysan bio-éducatif en Normandie… ça, ce serait cool.

Et sinon, à long terme… euhhh, ben il fera 50 degrés et ce sera la fin de ce monde, donc j’en sais rien ! N’oubliez pas : je suis un collapso ! 


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