Plus on est riche, plus on consomme, plus on pollue. Tel est le constat de Greenpeace qui propose de renforcer l’effort contributif des ménages les plus fortunés par la mise en place d’un ISF climatique dérivé de l’ISF en vigueur jusqu’en 2017.
Pour en arriver à ces conclusions, Greenpeace France s’appuie sur une enquête menée en collaboration avec le cabinet d’analyse Carbone 4 sur l’empreinte carbone du patrimoine financier détenu par les ménages en fonction de leurs revenus. Un rapport rendu public mardi 13 octobre.
Les riches sont de plus en plus riches
En dix ans, la fortune des milliardaires français a augmenté de 439 %, c’est ce qu’affirme une étude réalisée par la banque suisse UBS et le cabinet d’audit et de conseils PWC.
La fortune cumulée des milliardaires français est passée de 82 milliards de dollars en 2009 à 442 milliards de dollars en 2020, malgré la crise sanitaire actuelle.
360,7 milliards de dollars ! C’est la somme astronomique des gains cumulés par des milliardaires français sur la période 2009-2020.
Les pauvres sont de plus en plus pauvres
Le nombre de Français se situant sous le seuil de pauvreté augmente. En 2018, 400 000 personnes de plus ont rejoint cette catégorie (c’est-à-dire disposant de moins de 1 063 euros par mois pour vivre).
Cela ne devrait pas s’arranger dans les années à venir, bien au contraire, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) les mesures fiscales et sociales du gouvernement devraient entraîner un appauvrissement des plus modestes. Les 5 % de Français les plus pauvres devraient voir leur niveau de vie se réduire d’environ 240 euros par an.
Proportionnellement à leurs revenus, les riches paient moins d’impôt que le reste de la population
Si on prend en compte l’ensemble des impôts en France, les Français sont imposés à hauteur d’environ 50% de leurs revenus, sauf les plus riches, qui paient 40 ou 45% d’impôts sur l’ensemble de leurs revenus, constate Greenpeace dans son rapport.
Plusieurs raisons à cela, quand on dépasse un certain niveau de salaire, la Sécurité sociale ne prélève plus certaines cotisations. Ainsi, au-delà de 3 300 euros par mois, les cotisations retraite ne sont pas prélevées sur la part du salaire qui dépasse ce montant. Et donc, le taux moyen d’imposition baisse à mesure que les revenus augmentent. De plus, de nombreuses techniques « d’optimisation fiscale » permettent aux plus aisés de pouvoir réduire fortement leurs taux d’imposition en toute légalité.
Les riches polluent plus
Selon un rapport de l’ONG Oxfam, les 1 % les plus riches de la planète émettent deux fois plus de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité.
Selon l’analyse, les 1 % les plus riches de la population (environ 63 millions de personnes) sont responsables à eux seuls de 15 % des émissions cumulées, soit deux fois plus que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Et les 10 % les plus riches de la population mondiale (environ 630 millions de personnes) étaient responsables de 52 % des émissions de CO2 cumulées.
Pour toutes ces raisons, l’organisation environnementale propose l’instauration d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) climatique. Taxer la composante carbone du patrimoine financier des plus fortunés ferait rentrer environ 4,3 milliards d’euros dans les caisses de l’État, estime l’ONG.
« Une telle mesure aurait le mérite d’être percutante : elle inciterait en effet les ménages les plus fortunés et les plus émetteurs à se désinvestir des activités les plus polluantes en décarbonant leur patrimoine », concluent-ils.