Le développement durable est érigé en sauveur. Il s’agit pourtant d’une des plus grandes impostures de notre siècle, car les principaux pollueurs usent de ce dernier pour protéger leurs intérêts. Ils l’avancent comme un nouvel argument commercial, et non des moindres, car qui souhaiterait polluer la planète ? Ainsi le World Business Council for Sustainable Development fusionné à la Chambre de commerce internationale forme un lobby de 190 entreprises transnationales sous le nom de Business Action for Sustainable Development. Cet organisme, dont la tâche et de repeindre le monde en vert, réunit donc les principaux responsables de la pollution : Areva, Bayer, Apple, Philipp Morris, Nestlé, etc.
Comme son nom l’indique, le développement durable n’est qu’une roue de secours pour prolonger le développement autant que possible, aussi nuisible soit-il, et sans qu’il ne soit remis en question. Le WBCSD présenté ci-dessus définit d’ailleurs l’éco-efficience qui fait d’un développement qu’il est durable comme étant « accompli par la livraison de biens et de services à des prix concurrentiels qui satisfont les besoins humains et apporte qualité de vie, tout en réduisant progressivement l’impact écologique et l’intensité du prélèvement des ressources naturelles… ». L’usage du mot « progressivement » laisserait presque croire qu’il n’y a pas urgence. Pourtant l’urgence est là, et même s’il est vrai que les techniques de production n’ont jamais été aussi peu polluantes, la production mondiale elle, n’a jamais été aussi élevée. Sa constante augmentation rend même les émissions de dioxyde impossible à réduire. Elles devraient même continuer de grimper jusqu’à 20 % d’ici à 2035, causant une augmentation générale de la température de la planète de 3,5° Celsius.
De grands bouleversements climatiques sont donc à venir, ce qui intensifiera le nombre d’exilés climatiques. Alors que mesure sur mesure ont la volonté de réduire la pollution, seule son augmentation est freinée, et le développement durable qui s’avère plus « rentable » que « durable » ne contribue que peu à la sauvegarde de l’écosystème. La qualité de vie rechercher par l’éco-efficience se voit donc dégradé, et la satisfaction des besoins humains les plus primaires est en péril, faute de ressources naturelles encore intactes.
Le développement durable a été popularisé par le rapport Brundtland, officiellement intitulé « Notre avenir à tous », cette publication a été rédigée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies, dans ce rapport nous pouvons lire : « Pour que le développement durable puisse advenir dans le monde entier, les nantis doivent adopter un mode de vie qui respecte les limites écologiques de la planète. » Alors qu’il est écrit neuf pages plus loin : « Étant donné les taux de croissance démographique, la production manufacturés devra augmenter de cinq à dix fois uniquement pour que la consommation d’articles manufacturé dans les pays en développement puisse rattraper celle des pays développés. » Précisons tout de même qu’il faudrait disposer de 3 planètes pour que chaque terrien puisse consommer comme un français, et de 6 planètes pour que chaque terrien puisse consommer comme un américain !
Depuis les années 80, nous avons dépassé la capacité qu’a la terre à régénérer ses ressources naturelles. Parallèlement, alors qu’il a fallut treize siècles entre la chute de l’Empire romain et la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb pour que la population mondiale augmente de deux cents millions d’habitants, trois ans suffisent désormais. Afin d’éviter qu’un jour des problèmes éthiques voient le jour pour contrer la surpopulation, il faudrait admettre qu’une minorité d’individus s’accapare la majorité des ressources mondiales. A titre d’exemple, un Américain consomme 5 fois plus qu’un Mexicain, 10 fois plus qu’un Chinois, 30 fois plus qu’un Indien et 50 fois plus qu’un Bangladais. […]
Extrait de la tribune « Accepter la réalité et réagir » paru sur La Toupie.