Afin de placer l’écologie au cœur du débat, nous avons posé les mêmes questions à différents candidat-e-s pour les élections européennes. Jérôme Yanez, responsable des questions écologiques pour l’Union populaire républicaine, a accepté d’y répondre.
Bonjour Jérôme, vous êtes responsable nationale pour l’écologie à l’UPR, pouvez-vous nous résumer votre parcours ?
J’ai fait des études d’ingénieur. J’aurais pu concevoir de nouveaux modèles de voitures pour Renault ou Peugeot. Mais au cours de mes études, j’ai découvert que la « voiture propre » était une chimère et que le modèle du tout-voiture était une impasse écologique. J’ai aussi lu plusieurs penseurs de l’écologie politique et de la décroissance. J’ai renoncé à travailler pour le secteur automobile et j’ai fait un pas de côté. J’ai entamé une démarche de simplicité volontaire et je suis devenu professeur de technologie. J’ai longtemps cherché la meilleure manière d’œuvrer en faveur de l’écologie politique, avant de rejoindre l’UPR.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ?
Grâce aux analyses d’Aurélien Bernier et grâce aux conférences politiques de François Asselineau, j’ai compris que l’Union européenne était par nature un gigantesque point de blocage en matière d’écologie.
Pire : elle nous enferme dans une logique marchande et productiviste parfaitement anti-écologique.
L’écologie passe par le Frexit. Il faut être un écologiste benêt pour croire encore qu’écologie et Union européenne sont compatibles.
J’ai décidé de militer pour le parti qui défendait le mieux la sortie progressiste de l’Union européenne : l’UPR. J’y ai adhéré en 2014 et j’en suis responsable des questions écologiques depuis l’an dernier. Avec plus de 30 000 adhérents, l’UPR a une vitalité à nulle autre pareille, et concilie des analyses de haut niveau et un militantisme de terrain dynamique.
En matière d’environnement, quelles mesures de votre programme vous tiennent particulièrement à cœur ?
Mes deux préférées sont le plan de relance du train à moyenne vitesse et l’augmentation programmée du nombre d’agriculteurs. Ces deux mesures sont en rupture si radicale avec la logique des traités européens que seul un parti qui défend le Frexit peut les porter.
Actuellement, la SNCF est démantelée, découpée en morceaux, et progressivement privatisée et mise en concurrence, sous l’effet de l’article 106 du TFUE notamment. Ce que nous voulons, c’est en faire à nouveau un service public d’excellence : la renationaliser et remettre en état de marche toutes les petites lignes qui ont fermé ces dernières années. Nous voulons aller plus loin encore : ouvrir toute une série de lignes qui ont disparu depuis les années 1920-1930 : elles maillaient finement le territoire français et permettaient alors de desservir la plupart des petites villes de France. Pourquoi à moyenne vitesse ? Pour des raisons écologiques : face à un avenir incertain, il vaut mieux faire des choix de technologies sobres, simples, robustes et réparables.
En matière d’agriculture, le nombre d’agriculteurs en France poursuit une baisse séculaire qui paraît inéluctable. Pourtant, à l’UPR, nous proposons d’inverser la tendance et d’aider des dizaines de milliers de jeunes et d’urbains à se lancer dans le métier. Cela est parfaitement opposé à l’article 39 du TFUE, qui dit que l’objectif premier de la politique agricole commune est l’accroissement perpétuel de la productivité. Cet article mène inéluctablement au gigantisme agricole, aux fermes-usines. Il détruit l’agriculture à taille humaine et vide le monde rural de ses habitants. Nous avons besoin de nouvelles priorités dans l’agriculture : la préservation de la biodiversité, la régénération de la vitalité des sols, la moindre dépendance aux produits de synthèse et au pétrole, la qualité gustative et nutritionnelle de l’alimentation. Nous devons accompagner l’écologisation de l’agriculture, avec par exemple le développement de l’agroforesterie et de la permaculture.
Quel est votre avis sur les marches pour le climat qui s’organisent en France et un peu partout dans le monde ?
Je me réjouis que les Français, et en particulier les jeunes, s’initient à la politique par la mobilisation dans la rue, parlent les uns avec les autres, et fassent progresser la conscience écologique et politique dans notre pays. En revanche, je ne crois pas à l’efficacité de ces marches. La fonction première du système actuel, et c’est aussi la fonction première de l’Union européenne, est de défendre les intérêts des multinationales face aux peuples et aux nations. Demander à nos dirigeants actuels, formatés par l’idéologie de la croissance et l’esprit productiviste des traités européens, de faire de l’écologie revient à demander au loup de devenir végétarien.
L’écologie doit passer bien davantage par l’engagement politique, avec des partis qui vont aux élections et des associations qui s’engagent politiquement. J’espère que ces jeunes qui défilent continueront de se politiser et militeront sous des formes plus efficaces.
Selon vous, comment lier la justice sociale et l’urgence climatique ?
Je refuse de placer la lutte climatique sur un plan différent des autres sujets de l’écologie. Si d’un coup de baguette magique le problème climatique disparaissait, la catastrophe écologique serait toujours là. Je considère que la question climatique ne doit pas s’autonomiser et qu’elle doit être un volet d’un plan écologique plus ambitieux. C’est important de le dire car certains utilisent l’urgence climatique pour masquer les autres enjeux de l’écologie ou pour imposer petit à petit l’idée d’un nouveau traité européen, prétendument pro-climat, à grand renfort de milliards de la BCE. N’est-il pas effrayant de vouloir confier la question climatique à cette organisation marchande, supranationale, ultra-productiviste et gangrenée par les lobbies qu’est l’Union européenne ?
Seule la démocratie authentique peut aider à concilier la justice sociale et l’écologie. Nous savons que nous devons entamer une politique de modération énergétique. Mais si cela se fait de façon technocratique, sans démocratie, ce sera ni plus ni moins qu’une dictature verte, dans laquelle on imposera une austérité écologique aux plus modestes, alors que les oligarques seront épargnés. Ce qu’il faut, c’est considérer les Français comme des adultes et mettre ces sujets au cœur du débat public. L’UPR prévoit un grand référendum sur la question énergétique. Les Français, à l’issue d’un débat contradictoire, diront quels efforts ils acceptent en matière de sobriété, diront s’ils valident quelques grands investissements, comme ce réseau de trains à moyenne vitesse, et diront s’ils veulent ou non sortir du nucléaire. Il n’est nul besoin d’être ingénieur pour se prononcer sur ces questions : il suffit d’être un citoyen convenablement informé. Dans la même veine, nous proposons le référendum d’initiative citoyenne (RIC). Les Français pourront s’en emparer pour proposer des initiatives écologiques.
L’UPR est-il un parti d’extrême-droite ?
Certainement pas ! L’UPR est une grande alliance de citoyens venus de tous les horizons. Nous avons parmi nous des gens venus de la gauche, de la droite, du centre, mais aussi d’anciens écœurés de la vie politique qui s’abstenaient. Le ministère de l’intérieur classe systématiquement nos listes UPR comme « divers ». Vous ne trouverez chez nous ni xénophobie, ni racisme. La création de l’UPR, au-dessus des clivages, est l’histoire d’une émancipation politique au service du peuple français.
Ecoh – propos recueillis par la rédaction