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Marche des fiertés en Turquie : ils risquent 3 ans de prison

Le groupe Solidarité LGBTI+ de l’université ODTÜ a défié l’interdiction d’une marche des fiertés sur son campus, à Ankara en Turquie. Ces étudiants risquent 3 ans de prison.

Melike Balkan et Özgür, tous deux étudiants en biologie à l’Université ODTÜ à Ankara sont membres de “Solidarité LGBTI+”, une association qui lutte contre les discriminations et les préjugés liés à l’orientation sexuelle ou l’identité de genre au sein de l’université technique du Moyen-Orient.

« Nous nous battons contre une société qui cherche à définir qui nous devons aimer, à régenter nos corps et notre sexualité. » – Melike Balkan

Fondée en 1996, l’association Solidarité LGBTI+ de l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ) organise chaque année depuis 2011 une marche des fiertés. En 2019, l’université fait interdire la marche. Solidarité LGBTI+ décide alors de transformer l’événement en sit-in pacifique. La police intervient et disperse les participants à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc puis interpelle l’ensemble des manifestants.

Melike Balkan et Özgür Gür ainsi que 16 autres étudiants et un professeur sont traînés en justice, pour avoir « pris part à un rassemblement illégal » et « refusé de se disperser ». Un tribunal finit par reconnaître en juillet que c’est l’interdiction de la marche qui était illégale, mais le procès reste toujours d’actualité. Ces défenseurs des droits de l’homme risquent jusqu’à trois ans de prison.

Amnesty propose une pétition dans le but de demander justice pour les défenseurs des droits LGBTI+ en Turquie. [Cliquez ici pour signer]

Droits LGBTI+ en Turquie

La marche des fiertés de 2019 d’Istanbul avait déjà été violemment dispersée par la police antiémeute en 2019. La manifestation avait été organisée en dépit de son interdiction actée par la municipalité pour la cinquième année consécutive.

Amnesty International avait dénoncé cette interdiction, justifiée par les autorités par leur volonté de maintenir l’ordre public. « C’est une vaine tentative d’effacer de l’espace public un groupe qui, aux yeux du gouvernorat, est considéré comme ‘socialement rebutant’ », avait déclaré l’ONG.

L’homosexualité est “légale” en Turquie, mais le sujet reste tabou dans le discours public et la communauté LGBT est régulièrement victime de harcèlement et d’agressions.

Le parti politique au pouvoir (AFK) présidé par Recep Tayyip Erdoğan, est ouvertement hostile à l’homosexualité. Leur porte-parole avait auparavant marqué son refus que les personnes homosexuelles deviennent membres du parti.

En Turquie, il n’existe aucune loi pour protéger les personnes LGBT des discriminations à l’embauche, à l’éducation, au logement, aux soins ou aux services publics. Aussi, les homosexuels et les bisexuels n’ont pas le droit de servir dans l’armée, alors que le service militaire est censé être obligatoire pour tous les hommes âgés de 18 à 41 ans. Les non-hétéros doivent se déclarer « malades » et subir des examens humiliants pour prouver leur homosexualité et obtenir un « certificat rose”.

« Ils m’ont demandé à quand remontaient mes premières relations sexuelles anales, mes premières fellations, avec quelles sortes de jouets je m’amusais étant petit »,  a expliqué un jeune homme d’une vingtaine d’années dans un reportage diffusé par la BBC World Service.

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